Rapide inventaire des applications marines

Au moment de lancer ce nouveau blog, un inventaire des applications disponibles immédiatement sur les plateformes Android s’impose. Cela permet aujourd’hui de qualifier l’existant comme point de départ et permettra d’évaluer dans l’avenir le chemin parcouru par les évolutions futures.

Par les termes « applications marines » je veux essentiellement indiquer des applications de navigation répondant aux besoins des navigateurs plaisanciers naviguant au départ des côtes de France vers toutes les destinations potentielles du globe. J’éliminerai donc de mon inventaire toutes celles qui sont destinées à utiliser uniquement la cartographie du NOAA (¹) pour les côtes américaines, ainsi que celles dont les cartographies supportées ne couvrent pas les côtes de la France. Force est de constater que l’inventaire va être rapide.

Le navigateur a besoin d’une cartographie électronique irréprochable supportée par une application capable de répondre en permanence aux trois questions essentielles : où il se situe (sa position), où il va (sa route), quels sont les dangers autour de lui. Donc un outil capable de reproduire en temps réel et sans effort ce qu’il ferait ― ou faisait autrefois ― laborieusement sur une carte officielle d’un service hydrographique avec un compas de route, un compas de relèvement, un compas à pointes sèches, une règle de navigation, un crayon à dessin, une gomme et…  beaucoup de méthode. De plus, grâce aux appareils mobiles modernes connectés à l’internet, le navigateur peut désormais obtenir en permanence des prévisions météo pour son parcours à venir. Voici donc, sous Android, les applications pouvant répondre aux critères sus-cités :

Applications cartographiques

• Navionics Marine : La toute première application de cartographie vectorielle développée sur iOS à la sortie de l’iPhone 3GS fin 2008 a été portée sous Android en 2010. Les tarifs ont souvent augmenté depuis lors sur les deux systèmes, et le découpage des zones est très différent de celui proposé pour les cartes Gold+ et Premium. La grosse déception concernant Navionics Europe sous Android est l’absence des options Nav Module, Cartes Perso et Autorouting, ainsi que la récente option Navionics+ (²) disponibles sur iOS. On dispose donc de la version de base apparue après le « Navionics Viewer » sur iPhone en 2008. Sans le Nav Module, impossible de créer des routes et de les activer par la fonction GoTo, et de disposer ensuite d’un tiroir d’informations sur les distances et temps de parcours. On peut certes créer des routes de plusieurs waypoints, mais pas les suivre. Seulement voir la position et la trace du bateau. De plus la base de données d’information (POIs) est nettement moins fournie (³). Cette application n’a donc d’utilité qu’en petite navigation côtière pour naviguer de l’Andalousie jusqu’à l’Oural !

• Plan2Nav : le grand concurrent italien de Navionics, C-Map, racheté par l’américain Jeppesen, propose depuis fin 2011 son application de navigation gratuite. La jolie cartographie vectorielle C-Map s’achète en ligne selon les régions souhaitées et couvre pratiquement le monde entier. Identique à la version iOS, elle satisfera les habitué de ce concepteur sur les GPS et traceurs du marché de la plaisance. Vue 2D perspective, rotation manuelle de la carte, route vers le haut, waypoints, routes et fonction GoTo, trace enregistrée, prévisions météo à 5 jours (mais affichage plus que sommaire), courants et marées (à vérifier la qualité), l’application dispose du minimum requis. Absence également des fonctions d’importation/exportation de fichiers.

Une aide à l’utilisateur est disponible au format PDF à télécharger sur le site de l’éditeur.

• Marine Navigator : Une application germanique dédiée à la cartographie raster de toutes natures : RNCs du NOAA, BSB/KAP, MNX, Openseamap et quelques autres. Bien que je trouve les cartes raster peu adaptées aux appareils mobiles, on en trouve un grand nombre à télécharger sur internet, les liens sont fournis par le développeur, mais je ne suis pas certain qu’on trouve des cartes pour les côtes de France. A l’utilisateur de décider du niveau de qualité des cartes qu’il souhaite utiliser. La liste des fonctions est impressionnante, mais disponibles uniquement en version payante :

• Changement de carte automatique avec le niveau de zoom et/ou la progression du bateau
• Défilement des cartes disponibles pour la position par appui long sur le bouton zoom
• Affichage des limites des cartes disponibles
• Orientation de la carte Nord vrai ou route vraie
• Traces, waypoints et routes
• Suivi automatique de la route
• Import/export des waypoints et routes format GPX
• Export des traces format GPX
• Compas (Cap vrai ou magnétique, indicateur Nord vrai)
• Tableau de bord des données
• Fonction Homme à la mer
• Importation et enregistrement des cartes dans des dossiers externes
• Support des cartes encryptées

Outre le fait que la cartographie raster soit très volumineuse, et difficile à trouver – à jour – pour l’Europe, l’application ne brille pas par sa convivialité.

Applications de météo marine

Pour les prévisions de météo marine, le nombre d’applications est tout aussi limité. En attendant Weather4D, il faut se contenter des deux suivantes, bien connues des navigateurs. Seulement dans les deux cas, pas d’informations ni de données sans connexion à l’internet en WiFi ou 3G.

• Météo Consult Marine : identique à la version pour iOS, cette application fournit des données très détaillées du plus petit spot au grand large pour une majeure partie des côtes d’Europe de l’Ouest. Certaines données sont diffusées en streaming, il faut donc une réception avec un bon débit. Les prévisions sont affichées par données successives, on ne peut pas les superposer. Ce ne sont pas des données GRIB, seulement des prévisions graphiques et textuelles, complètes pour de la petite navigation côtière. Sur ma tablette d’une excellente définition, les vidéos sont d’une qualité plus que médiocre, c’est dommage.

• Météo France : La nouvelle présentation de cette application ne donne malheureusement pas une fière image du service public. Une publicité intrusive vient recouvrir à plusieurs reprises l’application, c’est lamentable. Financé par nos impôts, cet organisme pourrait se passer de la pub, ou la rendre un peu plus discrète, et proposer une application au moins du niveau de Météo Consult. Mais il est probable que les moyens du groupe Le Figaro soient supérieurs au budget alloué par le ministère de tutelle de Météo France. Le seul intérêt de cette application réside dans la fourniture (en passant de nouveau par une page de pub) des bulletins au format texte de Météo Marine et Interservice Mer, pour les zones Grand Large METAREA 2 et 3, les zones Large et Côte, les Bulletins Spéciaux.

Tant que ces quelques applications resteront seules disponibles sous Android, il y a peu de chance que les navigateurs se laissent séduire. Mais les nombreux allergiques à la pomme doivent appeler de leurs vœux les développeurs reconnus dans le domaine nautique afin qu’ils aient le courage de porter leurs applications dans cet environnement.

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(¹) Voir cet acronyme dans le Glossaire.
(²) Voir l’article Navionics Marine toujours plus fort sur le blog Navigation Mac.
(³) Je précise que j’ai testé sur tablette Nexus 7 V2 avec Android 4.3.
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